Hugo Pezzotta (Section 4) : « Les marques engagées se révèlent dans ce type de contexte »

Hugo Pezzotta

Directeur Artistique de l’agence vosgienne Section 4, Hugo Pezzotta partage l’organisation mise en place durant le confinement et depuis le 11 mai. Malgré le contexte, il veut y voir l’occasion de construire une communication et des stratégies plus responsables.

– Comment Section 4 s’est organisée durant le confinement ? Et quelle organisation est en place depuis le 11 mai ?
– Les réunions de brief et de planning stratégique sont prévues en début de semaine chez Section 4 et il n’était pas question de changer nos habitudes. Nous avons vite su nous organiser avec des outils tels que Slack, Skype ou encore Asana. Ils nous ont permis de communiquer bien sûr, mais aussi d’avancer concrètement sur les projets en cours : de nouvelles identités visuelles ont vu le jour pendant ce confinement, mais aussi des productions digitales. Même si beaucoup de projets ont été décalés ou annulés, l’activité a aussi continué avec la poursuite de plans de communication sur les médias sociaux pour nombre d’annonceurs.
Le plus compliqué est de n’être en contact qu’avec des moyens virtuels, nous qui avons pour habitude d’être centrés sur les échanges humains. Cette période nous a permis aussi de nous recentrer sur l’essentiel et prendre du recul sur notre façon de travailler entre nous. En temps normal, on ne s’accorde pas forcément le temps de faire le point tant on est tourné vers la concrétisation des projets et des objectifs de nos clients. Nous avons centré nos réflexions sur l’évolution des stratégies de communication dans ce climat particulier, inédit et difficile à anticiper. Beaucoup de campagnes d’acquisition ou de notoriété en cours ont dû être remises en question pour laisser place à une communication de crise. Les messages ont été adaptés : si la cible ne change pas, l’angle adopté peut changer. En temps de crise, les insights ne sont pas les mêmes, et il en naît de nouveaux. Tout le storytelling doit s’adapter en conséquence. Un beau challenge, que le bon sens et la créativité permettent de relever : les fondamentaux d’une marque, son ADN, deviennent plus importants que jamais dans ces moments-là, ils constituent une vraie boussole sur le plan éditorial.

– Vos clients sont-ils actifs ? Quelle communication privilégient-ils depuis la mi-mars ? Avez-vous senti un changement depuis la sortie du confinement ?
– Naturellement, le développement de l’agence a été ponctuellement impacté, toutefois beaucoup de prestations ont été maintenues. Finalement, le digital a pris une valeur refuge pendant le confinement. Il a aussi libéré tout son potentiel de connexion entre des besoins identifiés et des solutions, parfois nouvelles, proposées par les annonceurs. De communication, aussi, car quel meilleur outil pour ces derniers pour faire savoir en temps réel à leurs communautés ce qu’ils proposaient, où ils en étaient, et les fédérer ?
Nous avons donc continué de communiquer et souvent d’intensifier cette communication et cette présence digitale pour leur offrir une visibilité plus forte et ne voir leur communauté de fans ou de followers diminuer : souligner la positivité d’une marque, rassurer les utilisateurs, transmettre les valeurs, telle était notre mission principale dans ce climat particulier. Cela peut bousculer les habitudes et le fonctionnement d’une agence mais nous les défis, on adore ! Et puis, nous sommes fondamentalement des communicants, des créatifs, et des stratèges : notre métier consiste littéralement à répondre aux aspirations du public en fonction d’un contexte donné.
Prenons l’exemple de l’animation des réseaux sociaux : elle a été bousculée pendant la crise, avec un impact direct sur les statistiques de visionnage, le type de posts, les dates de publication, la ligne éditoriale. Il a fallu s’adapter très rapidement pour conserver la visibilité de nos clients en adaptant l’approche du content marketing. Pour certains, ça a même été l’occasion de l’intensifier pour développer leur image de marque. Il parait que c’est dans l’adversité qu’on reconnait ses amis. Et bien le confinement nous a confirmé que nous avions eu raison de toujours privilégier l’échange et l’humain avec nos clients pour avancer. Ils se sont tous montré très compréhensifs et disponibles pour mettre en place une communication sincère et transparente avec leurs communautés.

– En quoi cette période changera-t-elle la communication des marques et comment Section 4 a-t-elle prévu de s’adapter ?
Il est certain que cette période aura impacté tout le monde : humainement, socialement, économiquement… À l’échelle de Section 4 nous avons pris le parti de relativiser : nous faisons de l’image, nous donnons de la visibilité, nous participons à notre échelle à ce que les entreprises, commerçants, producteurs, artisans, tous ceux qui font le maillage de la région ne s’éteignent pas. Mais nous ne voulons pas oublier que certains ont vécu un drame bien plus fort et ont dû faire face à des combats bien plus intenses.
Il est important de marquer la solidarité et de prendre soin d’unir, de souder plutôt que d’écarter, pendant cette période où la défiance gagne du terrain. Nous continuons donc à avancer avec bienveillance à côté de nos partenaires et nos clients toujours (et encore plus fidèles).
C’est une situation qui permet de prendre du recul par rapport à l’humain et à l’évolution de notre monde. Même si nous avons été freinés, nous ne changerons pas nos habitudes et nos façons d’avancer.
Nous continuons de regarder avec attention comment les changements sont en train d’opérer, d’évoluer en nous réjouissant de penser qu’il y aura encore plus de place demain pour une vision plus éthique de la pub. Les marques présentes, les marques engagées se révèlent dans ce type de contexte, et c’est tant mieux : les enjeux que nous aimons défendre, de valorisation des savoir-faire notamment, vont trouver un souffle plus grand…

 

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