Réalisateur et fondateur de l’agence audiovisuelle Why.Vision, Grégory Reyter présente le dispositif mis en place pour la continuité de l’activité. Il évoque aussi l’avenir de la vidéo, média dans l’ère du temps mais qui aura besoin de se transformer également.
– Comment Why.Vision s’est organisé depuis le début du confinement ?
– Le télétravail a été immédiatement mis en place pour l’ensemble des collaborateurs, et l’ensemble des moyens de production ont été déplacé à mon domicile. La difficulté technique majeure de notre métier réside dans la gestion de grande quantité de données. C’est pour cela qu’il a fallu ré-inventer une manière de travailler et trouver des astuces pour que la productivité reste au top.
Nous avons aussi très rapidement cherché à recentrer notre activité sur des productions réalisables dans ces conditions (report de quasi tous les tournages) et permettre à nos clients de continuer à diffuser leurs messages et informations avec des vidéos toutes aussi impactantes. Et pour la partie administrative, étant donné qu’on se déplace fréquemment, nous avions déjà depuis longtemps mis en place des process qui nous permettent de travailler à distance en toute transparence. Donc cela n’a pas été pénalisant à ce niveau.
Ces dernières semaines, nous avons travaillé sur un protocole permettant de préserver la santé et la sécurité de nos collaborateurs, et de nos clients. Et aujourd’hui, nous sommes prêts à reprendre les tournages en toute sécurité.
– Vos clients sont-ils actifs ? Quelle communication privilégient-ils dans cette période ?
– C’est très partagé et je dirais même que c’est le grand écart. Une partie de nos clients a fortement réduit la voilure, et une autre partie est hyper-active. Nous avons actuellement des projets en cours sur la communication de crise et les sujets qui préoccupent leurs collaborateurs : sécurité, reprise d’activité… Et pour eux, nous avons offert des outils rapides à mettre en place, et tout aussi précis que ludiques. A ce sujet, certains clients estiment un retour au travail de leurs collaborateurs de 10 à 20% supérieurs à ce qu’il en aurait été sans ces supports de communication.
Aussi, certains ont dû réagir en corrigeant leur stratégie de communication pour composer avec l’actualité. Et ils se sont recentrés sur la communication audiovisuelle. On perçoit aussi que les clients souhaitent avoir une maitrise des coûts car l’avenir reste incertain, et l’actualité a engendré des dépenses non budgétisées (achats d’équipements de protection,…). C’est pour cela que, plus que jamais, nous devons les accompagner et les aider en étant aussi réactifs que possible, en anticipant les demandes, en proposant des solutions, et cela tout en restant raisonnable en termes de budget.
– En quoi cette période changera-t-elle la communication des marques et comment Why.Vision a prévu de s’adapter ?
– Lors de la précédente crise économique, les clients avaient gagné en pouvoir de négociation. Mes collègues de cette période, et moi-même avions alors été confrontés à des demandes qui n’étaient plus cohérentes.
Une décennie après, 3 facteurs majeurs s’ajoutent :
- L’accès facile et grandissant à une technologie performante, permettant de faire de l’image et de la diffusion en direct (smartphone, puissance des laptops, logiciels de montage…). On voit même des plateformes sur abonnement permettant de faire des animations très correctes.
- Une vulgarisation de l’information techno et un accès à des tutos qui permettent à tout un chacun d’apprendre à réaliser quelques outils de communication, leur permettant d’exister (moyennant tout de même quelques heures de temps perso sacrifié, et les outils sont très faiblement différenciants). Et on constate chez certains clients que du personnel, parfois complètement en dehors du service communication, peut avoir une réelle appétence pour le domaine et cherche à évoluer au sein de l’entreprise par ce biais, en consacrant beaucoup te temps à de l’auto-formation.
- L’exigence en termes de qualité d’image et de production a réduit sur certains supports. Les réseaux sociaux ont commencé à habituer les consommateurs à des prises de vues par téléphone (Bruts, BFM et autres communications évènementielles…). Les codes de montage ont changé pour même devenir symboliques de certains types de vidéos (jump cuts chez les Youtubeurs, absence de plans de coupe…). Et le confinement aura terminé le job, car même des émissions TV auront dû faire appel à des dispositifs techniques de visio-conférence.
On constatait donc déjà depuis quelques temps que le « home made » était bien amorcé, avec des réalisations plus ou moins bien faites chez l’annonceur en interne, ou par des agences non spécialisées.
Et on s’y était préparé d’ailleurs en accompagnant depuis quelques temps nos clients sur ce changement, et en leur proposant des solutions en rapport. Ces formats ont permis, par exemple, à nos clients de communiquer plus régulièrement en interne par le biais de vidéos. Et, dans certaines de leurs stratégies de communication, il est apparu habile également de faire appel à ces dispositifs, car permettant de contribuer à une perception inconsciente supplémentaire du message (proximité, dépenses optimisées…).
En parallèle, sur d’autres sujets, les annonceurs devront continuer à créer des outils de communication cohérents avec leur image de marque. Et là, l’exigence de qualité et de résultat sera élevée et seules les agences capables de produire des vidéos à forte valeur ajoutée, tout en sachant rester raisonnables sur les moyens déployés, pourront sortir grandies de cette crise.
Donc notre métier sera plus que jamais centré sur l’analyse du besoin client, l’accompagnement, la réactivité et la créativité. Pour réussir, cela nécessitera énormément de travail, et une forte expertise, afin d’offrir à nos clients des idées nouvelles et des services puissants leur permettant de continuer à sortir de la mêlée. C’est en tout cas le message que je ne cesse de faire passer auprès de mes collaborateurs.
